Les chroniques de Lili - la Compagnie Stanislas
Vous connaissez la Compagnie Stanislas ?
Ah, vous en faites partie, alors je n'ai peut-être pas grand chose à vous dire, faut reconnaître qu'on fait un bonne équipe, main dans la main, de toute façon, on est bien obligé car pour danser, il faut bien tenir celle de son cavalier ou de sa cavalière. Je ne sais pas comment vous avez fait pour y entrer, dans cette Compagnie, moi, c'est bien simple, j'y suis venue par ma soeur ! Oh, y'en a sûrement qui la connaissent, ma soeur, c'est mon aînée, c'est elle qui m'a entraînée !
- Viens donc ! qu'elle m'a dit ! ça te changera les idées ! Alors, je me suis risquée, j'ai franchi la porte de la salle de répétition un vendredi soir. C'est là que les regards convergent vers vous !
- Tiens une nouvelle ! C'est la Lili, ma soeur, je lui ai dit de venir voir !
Bref, j'ai regardé faire mais vu ma timidité, je me suis "je ne crois pas que ce soit pour moi". Françoise, tout de suite aux aguets :
-Elle danse ta soeur ? Elle verra bien, elle peut toujours essayer ! C'est ça, qu'elle compte dessus ! Tu penses, moi avec mon peu de hardiesse, devant tout le monde, même si je ne connais pas les gens, j'aurais bien trop la trouille.
- Bah, on va pas la forcer (encore heureux) ! Elle fera figurante, on en a jamais de trop, il suffit de trouver quelque chose à lui mettre sur le dos.
Et voilà mon premier échelon. Ce n'est pas si mal, on a pas à se tromper puisqu'on ne fait rien. Je me noyais au milieu des autres, ou je me mettais en retrait genre "tapisserie". J'avais bien trop peur qu'on me demande de faire ce que je ne savais pas.
Bref, tout doucement, je me suis intégrée. Tout le monde était sympa avec moi et j'ai eu le droit à ma première sortie : faire l'andouille au Val d'Ajol ! Remarquez, j'ai eu aussi le droit de la manger et même d'en rapporter.
Chemin faisant, ces deux petites heures du vendredi étaient agréables, j'ai continué à m'y risquer pour voir uniquement, comme convenu. Eh ben faut pas croire, ça s'est pas passé comme je le croyais ! Sûrement qu'on en avait marre de me voir rester là sans rien faire, j'ai été poussée à entrer dans une ronde, on m'a fait tourner, les trois quarts du temps c'était jamais du bon côté ! Mon cavalier avait qu'à faire attention et m'envoyer dans le bon sens !!!! Après, c'était pas le bon pied, la bonne cadence, je regardais trop par terre, je tournais la tête du mauvais côté.....etc, etc, etc... ça n'en finissait plus les conseils ou les explications. Et bien figurez-vous qu'après tout ce cirque et malgré toutes les ratées que je faisais, j'ai été promue « danseuse » ! Voilà comment on accède au deuxième échelon, sans rien demander. Je ne sais pas comment je me suis laissée avoir, moi qui étais juste venue pour voir !
On ne se méfie jamais assez quand on pose le pied quelque part, on ne sait jamais où le deuxième pas va vous conduire. Et c'est là que ça se corse ! J'étais pas au bout de mes peines... Y'à eu une assemblée générale, j'y assiste comme les autres, pas trop en avant, pénarde, sur une chaise, dans les rangs du fond. Faut bien s'instruire et être au parfum de temps en temps ! J'avais rien demandé à personne et j'ai pas eu le temps de réaliser que j'étais cooptée (c'est le terme) ! On demande rien et on vous veut quand même ! Que vouliez-vous que j'y fasse... J'ai pas osé dire non et c'est comme ça que j'ai atteint le troisième échelon : « secrétaire au CA » !
Maintenant, faut plus trop me pousser, la jeunesse a l'air de vouloir prendre le relais, tant mieux, j'ai pas l'intention de gravir d'autres échelons, surtout que tout en haut, le Président actuel qui s'y trouve y est très bien et cause sûrement mieux que moi.
Bon, c'est pas parce que je vous ai raconté toutes mes aventures qu'il faut vous méfier de la Compagnie ! Elle a aussi ses bons côtés, du plus jeune au plus vieux on s'entend bien. Tous ensemble on va passer des sacrés week end à la Rayée, on rit, on s'amuse et on se défoule avec les danses.
Demandez donc à Johnny (les initiés comprendront), il vous entraîne dans des quadrilles et nous montre la joie du soldat qui va danser dans la rue, mais avant on fait quelques petits ronds le long de la rivière et après une polka endiablée, on se retrouve à Lauterbach... Après s'être rafraîchi, on ira valser au hameau, en passant sous les jets d'eau. Que diriez-vous de prendre le petit train qui traverse les moissons ou croise une salamandre qui serpente. Tandis que les cricris envahissent la haie Griselle allons plutôt en vendanges. Si vous veniez à croiser le Roi Gustave ou le Prince George, ne vous laissez pas entraîner dans un menuet de Bach et évitez les sanglots longs des violons, serrez plutôt votre promise dans un « blues march » bien plus entraînant. Après toutes ces sauteries, si vous n'êtes pas encore sur les genoux, alors réveillez-vous, on va remettre ça !!!